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La tête de l'art
15 septembre 2013

Angoissante beauté

Carlo Carrà (1881-1966)

La maîtresse de l’ingénieur

1921, Fondation Peggy Guggenheim, Venise

 

Carlo Carrà (1881-1966)

Une étrange figure féminine posée à même le sol se découpe sur un fond nocturne (ou auroral, à en juger par la lueur au ras de l’horizon ?), tandis que sur la droite, un compas et une équerre sont représentés comme plaqués à la verticale le long d’un pan de mur. La scène semble baignée d’une clarté lunaire ; deux ombres portées indiquent que la principale source de lumière provient de la droite. Voilà pour la description sommaire.

 

Nous sommes dans un espace improbable, dont la perspective aléatoire et l’ambiance inquiétante sont communes à de nombreuses œuvres de la Pittura metafisica, un éphémère mouvement artistique italien fondé en 1917 par Carlo Carrà (avec son vieux copain Giorgio De Chirico).

 

Le titre du tableau nous est précieux : la tête oblongue représentée de profil, légèrement inclinée et dont la blancheur sculpturale se détache du fond, est celle de la « maîtresse », l’amoureuse de l’ingénieur ; la bouche entr'ouverte, elle affecte une expression rêveuse et contemplative, tout en fermant ostensiblement les yeux face aux instruments de travail de son amant. Pourtant, celui-ci demeure physiquement absent de la scène, seulement symbolisé par ses emblèmes… Dans ce temps suspendu, le désir et les sentiments semblent donc se jouer de la raison calculatrice désincarnée.

Pour le reste, les qualités esthétiques de l’œuvre, la saveur de son angoissante beauté, échappent aux outils et aux formules usuelles du discours explicatif, à l’instar de la femme aimante incomprise, en butte à la froideur géométrique de l’homme de science.

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Commentaires
F
Comme Seia j'ai pensé à un élément donnant une sorte d'échelle, et posant le motif dont l'équilibre est fragile. Ce joli cou si architecturé qu'il soit et si long pourrait bien se rompre, comme toute beauté est condamnée à s'estomper voire s'effacer.<br /> <br /> Une de mes sœurs est allée à la fondation au moment du carnaval et a eu la gentillesse de me ramener le catalogue de la collection. Je le consulte régulièrement pour faire connaissance avec les œuvres et leurs créateurs, et je trouve un air de famille entre cette maîtresse et la Tête de jeune fillette d'Henri Laurens de 1920 moulée en 1959. Bonne soirée.
S
très belle oeuvre... au sol un bâton de mesure? avec le compas et l'équerre ça irai bien..
G
Salut Lesly!! Tu étais en grande vacances!! Pas grave tu nous reviens avec plein de symboles et je retiens moi une symbolique dans ton post, celle de la Franc-maçonnerie,en effet l'équerre et le compas....la femme qui ferme les yeux,car les secrets de son homme ne doivent!!? ne peuvent pas?!! lui être dévoilés. L'esthétisme de l’ensemble est troublant en effet, d'ailleurs j'ai l'impression de voir à coté de la tête le rasoir tout blanc du barbier......<br /> <br /> Georges
I
Je ne connaissais pas du tout l'artiste, mais j'admire la finesse de ce commentaire sur Angoissante beauté. Un portrait troublant, voire dérangeant....
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