Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La tête de l'art
12 juin 2013

Scènes de la vie de brocante II

PROFILS DE CHINEURS

« Aux fêtes des puces, on a vu Robert Hue chiner en riant. »

L’Album de la Comtesse

 

A l’ombre des platanes parisiens ou des tours d’HLM de banlieue, il fait si bon chiner dans les brocantes et autres vide-greniers ! Surtout par le joli printemps que voici… Mais la saison touche bientôt à sa fin, et je vous propose de passer rapidement en revue quelques uns des joyeux chineurs qui traînent encore leurs basques entre les stands.

[Passons rapidement sur les marchands qui hantent la place dès les cinq heures du mat’ et dont j’ai déjà parlé ailleurs].

Voici donc quelques autres personnages que vous ne manquerez pas de rencontrer.

Le passionné de militaria : il achète systématiquement tout objet ou effet arborant l’élégante et bien caractéristique couleur vert-kaki. « Ouah, une gourde militaire de l’armée (sic.) ! C’est combien ? » Notez bien qu’il en a déjà accumulé une cinquantaine du même modèle au cours de ces trois dernières années, mais peu importe.

Le curieux casse-pieds qui touche à tout, examine à la loupe le cul de chaque bibelot, demande tous les prix, renifle, compare, estime, hausse un sourcil perplexe et, bien sûr, n’achète rien.

Le néophyte qui n’en croit pas ses yeux de tomber sur un exemplaire de Tintin au Pays des Soviets pour seulement 10 € « Bigre, la chance que j’ai : personne ne l’a vu avant moi ! Et en bon état en plus ! Niark-niark, je vais refourguer ça sur eBay, ma fortune est faite… » Sauf qu’il s’agit évidemment d’un fac-similé de l’édition de 1930, etc.

Le spécialisé, atteint de collectionnite aigüe : celui-ci n’achète que des monnaies françaises. Bon, là, c’est compréhensible ; mais un jour, j’ai rencontré un gars qui parcourait les stands à la recherche de « tickets de tramway de la banlieue de Buenos Aires émis entre 1909 et 1913 – neufs de préférence ». « Vous n’en avez pas ? Non ? » Et il s’en allait penaud, le dos courbé, déçu que personne ne comprenne sa passion…

Le couple de bobos trentenaires en balade et qui encombre le passage avec sa poussette (on se demande ce qu’ils viennent foutre ici. Seraient bien mieux aux Buttes Chaumont ou au parc de Sceaux).

L’écrémeur : si vous avez le malheur de passer après lui, il ne reste que les miettes. Il a le don agaçant de vous précéder d’une demi-seconde sur les stands, de s’accaparer une boîte en fer pleine de monnaies (la seule dans toute la brocante) et de prendre tout son temps à passer en revue chaque pièce sous votre regard rageur. Inutile d’espérer glaner quoi que ce soit après le passage de ce salopard. Et le pire c’est qu’on ne peut même pas rouspéter, car il y a des règles dans cet univers impitoyable : dès lors qu’un lot est entre les mains d’un potentiel acheteur, celui-ci la priorité sur la vente. Or, contrairement au commerce traditionnel, chaque article n’existe ici qu’en un seul exemplaire…

Le snob, quant à lui, aime « se faire plaisir » ; il paye rubis sur l’ongle, sans marchander (c’est d’un vulgaire), des bouquins qu’il ne lira jamais ou encore quelque babiole parfaitement inutile, mais dont la vue le désennuiera quelques heures durant l’après-midi du dimanche, et qui finira oubliée au fond d’un tiroir.

Et puis il y a enfin l’éternel chineur insatisfait, aussi désabusé qu’abruti, rechignant à tirer quelques pièces de sa poche pour s’offrir la bricole dont il meurt d’envie, mais qui n’hésite pas à s’en aller flamber un billet de 10 € à la brasserie du coin en s’octroyant un demi en terrasse et un paquet de blondes (respectivement 3,50 et 6,50 €).

La liste n’est pas exhaustive : n’hésitez pas à dénoncer ceux que j’ai oubliés ! 

en pleine négociation

En pleine négociation. Je vous laisse deviner lequel de ces personnages est en train de faire une bonne affaire…

 

Publicité
Publicité
Commentaires
S
j'ai arrêté de faire en tant que vendeuse les vides greniers: trop de pénible, une journée à attendre et même pas la fortune au RV sans compter que tu rentres toujours avec tes merdouilles! je suis par contre une inconditionnelle, d'Emmaüs, c'est pratique, rapide pas de marchandage et puis si ça peut servir tant mieux! j'emènerai pas mes sous dans ma tombe!
A
J'ai trouvé le début de l'album de la comtesse, mais pour la 2e partie, c'est tellement dégueu que je n'ose imaginer que ma solution soit la bonne, tu me donnes la réponse?:) alleez steeuplait...:)
F
M'agace particulièrement, celui qui confond vide-grenier et secours populaire, tout est toujours trop cher même si tu as déjà cassé ton prix, celui qui ne te laisse pas le temps d'ouvrir ton coffre, envie de lui claquer sur les mains (c'est méchant mais ça soulage). Je vais voir demain la fournée pour cette année. C'est moi qui vend. Et le soleil est instamment prié de faire un effort.
G
Salut Lesly, tu as oublié les pas encore tout à fait vieux ( des deux sexes ) baskets aux pieds, nostalgie au cœur qui font les brocantes comme on fait un arbre généalogique dans l'espoir secret d'y rencontrer tel ou tel...... perdu de vue depuis 50 ans et qui quelque fois retrouve...... la vieille théière indochinoise ramenée par grand-père, qu'ils avaient vendu et la rachète la larme à l’œil, la morve au nez, oh mais pourquoi vous pleurez demande le vendeur se débarrassant ( croit-il ) des souvenirs encombrants de son grand-papa qui lui avait ramené de l'indochine sa grand-mère et l'autre de répondre c'est simplement de l'allergie, vous n'y comprenez rien et puis finalement je n'en veut pas de votre sale objet redonnez moi mon argent snif snifff.........
M
Et vous, quel spécimen de chineur êtes vous? Bonne chance pour la prochaine sortie.
La tête de l'art
  • "Mieux vaut un peu de tout que beaucoup de rien", telle est la ligne éditoriale de ce blog éclectique dont les articles (tous originaux et inédits) s'adressent à un large public de curieux et d'amateurs de frivolités parfois irrévérencieuses...
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
La tête de l'art
Archives
Visiteurs
Depuis la création 29 140
Publicité